Program > Graduate+PhD Workshop

Au cours des dernières années, une prolifération de manifestations transgressives a fait surface dans le champ architectural, faisant écho à une tendance de plus en plus accentuée à ignorer, voire à défier les règles et les normes, qui s’était faite présente dans de nombreuses circonstances politiques et sociales. La transgression a toujours fait partie de notre monde et de notre façon de l’habiter, se constituant en force centrifuge s’opposant à un ordonnancement régulateur – autrement dit, une quête de liberté faisant face à la quête d’harmonie. L’acte même d’habiter un espace donné peut être compris comme un acte de transgression.

Pourtant, dans le contexte actuel, fait de crises multiples, mais où il est question aussi d’empowerment de la population et de repenser l’architecture afin de créer du lien et de « réenchanter le monde », les manifestations transgressives se démultiplient. Elles semblent devenir monnaie courante dans notre société qui s’insurge contre les normes, cherchant des modes alternatives de penser l’architecture, pour une meilleure intégration dans le monde.

Travailler sur le concept de transgression constitue donc un sujet qui préoccupe autant les historiens et les théoriciens de l’architecture que les architectes, qui en font un outil de travail. 

C’est la raison pour laquelle nous vous proposons de participer au workshop rattaché au colloque international TRANSGRESSION – A NEW PARADIGM ?, organisé par l’ENSA de Bretagne  en partenariat avec l’EAHN (European Architectural History Network www.eahn.org), du 17 au 21 novembre 2021 à Rennes.

DATE et LIEU

Mercredi 17 novembre 2021 de 9h à 16h dans les locaux de l’ENSA de Bretagne à Rennes, 44 bd de Chézy, 35064 Rennes

PARTICIPANTS 

Etudiants de master et doctorants des écoles nationales supérieures d’architecture, des universités et des écoles supérieures (françaises et internationales) et autres.

Le nombre de participants sera limité à 15 personnes par atelier.

INSCRIPTIONS 

Les inscriptions sont gratuites mais obligatoires.

Elles se font en ligne via le formulaire en ligne suivant : https://evento.renater.fr/survey/inscription-workshop-colloque-transgression-a-new-paradigm-fcfbh6mw

Elles seront closes au 31 octobre 2021.

PROGRAMME et ANIMATION

Le workshop sera organisé sous forme de deux ateliers, chacun animé par un.e tuteur.trice  (voir document ci-joint) : 

  • Nancy Ottaviano, architecte, docteure en urbanisme / Co-directrice de l’association Quatorze et de Quidam Architectes (SCOP) ;

  • Xavier Wrona, architecte, maître de conférence à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Saint-Etienne/ ENS Ulm, Centre Jean Pépin/ Gérant de l’agence d’architecture Est-ce ainsi (2006-2018)/ Administrateur de l’association Après la révolution.

Chaque atelier abordera la question des pratiques et/ou positionnements transgressifs par :

  • un temps de discussions/ réflexions en groupe (avec un support de catalogues d’images et textes mis à la disposition des participants par le CDI de l’ENSA de Bretagne)
  • puis la production et la restitution de documents (réalisés en binôme) qui seront exposés et présentés aux participants du colloque international.

ORGANISATEURS 

  • Can Onaner, architecte, docteur en histoire de l’architecture professeur de l’ENSA de Bretagne,  et chercheur au LIAT de l’ENSA Paris Malaquais ;

  • Emily Mugel, diplômée en architecture et doctorante au GRIEF de l’ENSA de Bretagne ;

  • Nadia Sbiti, architecte, docteur en géographie et aménagement urbain, maîtresse de conférences ENSA de Toulouse et chercheure au GRIEF de l’ENSA de Bretagne.

     

LES ATELIERS :

  • Atelier animé par Nancy Ottaviano: 

trɑ̃sgrɛsjɔ̃ 

Transgression : Action de transgresser qui signifie “contrevenir à quelque ordre, à quelque loi”

Des collages de Charlotte Perriand tel que “La Grande Misère de Paris” (1936), au “Paris Ville Invisible” de Bruno Latour et Emilie Hermant (2004), il s’agira de travailler à la constitution de cabinets de curiosités spécifiques aux sujets portés par les participants. Dans la collusion ou la collision des images et des mots, de nouveaux réseaux de sens (comme signification et comme direction) peuvent surgir. 

Ici la transgression, existe tout d’abord dans la méthode qui propose et encourage l’assemblage hétérogène de supports qui, a priori, n’étaient pas voués à se rencontrer. Ainsi, nous nous attacherons à entrelacer les regards micro et macro, les supports textuels et iconographiques, les sources profanes et érudites, abstraites et figuratives. 

Elle réside ensuite dans les formulations des problématiques de chacun.e, dans la mise en controverse des thèmes qui animent les démarches de recherche. Pour cela, nous chercherons à croiser les regards autour des objets d’études, en creusant le point de vue d’acteurs et actrices différenciées mais aussi, à la manière de chasseurs-cueilleurs, en croisant des sources issues de disciplines variées

Elle réside enfin dans l’attention toute particulière portée aux acteurs et actrices de la fabrique du cadre de bâti. Encore aujourd’hui à la question « Qu’est-ce qu’un architecte ?”», encore 80 % des personnes sondées affirment que “l’architecte est un homme qui construit de grands bâtiments” (Leproux 2017). De Léonard de Vinci à Le Corbusier en passant par Le Neufert, cet homme induit de plus de construire par et pour des hommes qui seraient universaux ou standards selon les époques. Ainsi, nous travaillerons la dimension socio-politique du métier d’architecte en s’intéressant à la place des corps dans les architectures, dans les espaces publics ou privés, dans les villes ou les campagnes. Quel que soit le terrain et que le regard soit porté sur le métier ou bien les usagers et bénéficiaires des espaces produits, finalement, quand on parle d’architecture et d’urbanisme, finalement de qui parle-t-on et comment ? 

Travaillant notamment sur la notion de précarité urbaine je m’intéresse à la fabrique de la ville, de ses communs à ses marges, ainsi qu’au vivre ensemble. A l’heure de la “distanciation sociale”, d’une crise du politique enracinée nourrie par des espaces médiatiques de plus en plus individualisés et clivants, “l’autre” (Vulbeau, 2006) et la perception de son rapport à un monde devenant Gaïa demandent à renouveler nos questionnements d’architectes urbanistes ainsi qu’à réinterroger nos modes d’agir.

Téléchargez le texte de présentation de l'atelier de Nancy Ottaviano

  • Atelier animé par Xavier Wrona : 

Alors que les Situationnistes appelaient à construire des petites situations sans avenir pour échapper à la totalité envahissante du capital, c’est le capital qui de nos jours se répand sur les villes par des petites situations « désintéressées » à coup de nuit blanche, de voyage à Nantes et autre métabolisations urbaines du capitalisme festif. 

La transgression est monnaie courante, cheval de Troie de la destruction du vivant et de tout acte social, Macron intitule son livre de campagne néolibérale Révolution, le préfet de Paris, équivalent pour les Gilets jaunes de ce que Adolphe Thiers fut à la Commune de Paris, cite Leon Trotsky lors de ses voeux de Noël. 

Mais on ne transgresse pas pour faire le malin. Il n’y a de transgressions que par nécessité, intérieure ou extérieure à soi même. Alors que le monde a ralenti sa production comme jamais depuis la seconde guerre mondiale. Alors que la part des travailleur-euse-s qui continue de travailler renoue avec des risques liés au travail dignes du XIXe siècle, la question peut enfin être de nouveau posée, sans que l’on se voit rire au nez, d'une sortie du capitalisme. 

Mais la nécessité d’une transgression apparaitra en interne, vis à vis de nos propres forces réformatrices ou révolutionnaires. La transgression devra se faire, par nécessité, dans nos imaginaires de luttes et de résistance puisqu’aujourd’hui toute pensée d’un système alternatif autre est condamnée par nos propres forces comme coupables d’autoritarisme. Un monde nouveau c’est inévitablement le meilleur des mondes. Il va nous falloir réapprendre collectivement à croire à la possibilité d’un monde meilleur, de grande échelle, et non plus seulement à l’échelle de poches territoriales en lutte, arrivant à se maintenir en retrait du capital, telles que les ZADs, le Rojava, le Chiapas. 

Car peut-être qu’on ne transgresse pas en allant sur les terres de l’ennemi mais en mettant en crise son propre camp, afin de le faire avancer. Il est facile d’être en désaccord avec l’ennemi, c’est même le moyen de trouver une famille. Être en désaccord avec sa propre famille à l’inverse, c’est risquer de la perdre. 

Ce workshop visera à ouvrir des imaginaires de ce que serait vraiment une ZAD PARTOUT, lorsqu’elle fait système, lorsqu’elle a gagné sur le capital et son monde, qu’elle risque de se substituer à lui comme nouveau mode d’oppression mais qu’elle restera émancipation, à l’échelle du monde cette fois. Nous produirons donc ensemble des images paradoxales d’une ZAD hégémonique.

Téléchargez le texte de présentation de l'atelier de Xavier Wrona

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